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Tuareg Malikh

Juil 21 alkemy_the_game  

J’aurais tant voulu voir Nedjma plus souvent, vivre avec elle, lui faire de beaux enfants… Mais je la vois repartir encore. On dirait presque qu’elle fuit cette ville et cette vie, dont elle ne s’accommode que quelques jours, parfois seulement quelques heures.
Ses seuls compagnons sont son arc et ses flèches qu’elle confectionne amoureusement avec la tendresse et la douceur d’une amante. Même si elle m’accorde quelques-unes de ses étreintes, jamais elle ne sera mienne : elle est tuareg et elle n’appartient qu’au désert. […]

Les trois dunes coupaient les lignes de vue et le souffle du simoun étouffait les bruits et les chocs : sans doute était-ce pour cela que les contrebandiers pensaient pouvoir piller ce filon de pierres alchimiques sans que les Khalimans ne s’en aperçoivent.
Concentrés sur leur besogne, ils ne virent pas la mince silhouette se couler de couvert en couvert et s’approcher silencieusement : rien dans ce désert ne pouvait échapper aux tuaregs. Le prix de cette erreur était une mort certaine.

– Restez à couvert !
– Mais d’où ça vient chef ? Qui tire ? J’vois rien !
– On a perdu déjà six hommes et impossible de localiser cet archer ! C’est probablement un tuareg khaliman embusqué quelque part en hauteur et, même s’il est sans doute tout seul, jamais on n’arrivera à le localiser…
Damnation ! Et dire qu’on était sur le point de faire parler les prisonniers ! Sonnez la retraite ! On se barre ! Et abandonnez les prisonniers !

Nedjma ne put s’empêcher d’esquisser un sourire lorsque les derniers mots lui parvinrent aux oreilles.

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Lors de la guerre alchimique, les Khalimans ont dû livrer une terrible guerre contre le Cœur de fer, en plein centre du désert Asfar. Les éclaireurs qui vivaient dans ce désert, les tuaregs, furent les premiers exposés aux légions humaines et tout particulièrement à leurs redoutables archers : dans ce désert, l’absence totale de couvert permit à ces derniers de causer de lourdes pertes chez les Khalimans. Les tuaregs s’adaptèrent et adoptèrent l’arc comme arme de prédilection. Il ne fallut guère longtemps pour que la Triade goûte à sa propre médecine en découvrant que les enfants de Khalim étaient aussi habiles avec un arc qu’avec un cimeterre.
À la fin de la guerre alchimique, lorsque le corps de l’Arc fut instauré dans l’armée de la République, les tuaregs furent les premiers à y être intégrés. Patrouillant toujours les étendues ardentes du désert Asfar, ces guerriers austères profitent des plats horizons de leurs terres arides pour avoir des lignes de vues dégagées qui rendent possibles les tirs les plus difficiles. Mais ils n’ont pas oublié pour autant la discrétion qui caractérise leur ancienne fonction d’éclaireur.
Bien qu’appartenant officiellement à l’armée, ils n’intègrent que très rarement le rang, préférant les dunes du désert au cantonnement des casernes : une exigence que leur état-­major est bien obligé de tolérer pour ces archers exceptionnels car, comme tous les Khalimans qui vivent dans le désert Asfar, les tuaregs sont taciturnes et solitaires.