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Chevalier errant

Oct 03 alkemy_the_game  

Des vingt-et-un seigneurs présents ce matin là à la cour du baron, pas un ne bougea. Ser Cowran et Ser Yser, qui s’étaient pourtant couverts de gloire lors de la bataille des marais du Kylh et le rappelaient incessamment, échangèrent un bref regard et baissèrent insensiblement la tête.
Alors, du fond de la salle, derrière les serviteurs et quelques scribaillons, s’éleva une voix rauque et lente :
 » Quel prix y mettrez-vous ? »

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Il est des champs de bataille plus sournois que d’autres. Des terres où le courage ou une bonne armure d’obsius sont des protections bien peu épaisses pour éviter les coups bas des adversaires. Il en est ainsi des cours et de tous ces lieux corrompus où les hommes sont plus récompensés pour leur capacité à monnayer des faveurs ou à échanger des bons mots qu’à défendre son royaume à son corps défendant, risquant sa vie pour la régente et le futur roi.
Sur ces terrains là, le chevalier errant – ou ses ancêtres – a failli. Aussi, s’il porte bien des armes, une cuirasse d’obsius et un titre – et donc un greffon du Beathacrann – c’est en général là que s’arrête sa dotation. Sans terres et sans possibilité de vivre comme un individu de son rang ou de sentir la liberté qui lui est promise, il erre donc sur les routes, gagnant sa pitance comme il le peut. Mais rares sont ceux à se montrer réellement généreux avec lui : la plupart des nobles le considèrent comme un pathétique miséreux et le peuple, aussi pragmatique et réaliste qu’à son habitude, voit en lui une source d’ennuis, de mort de souffrances.
Ainsi, le chevalier errant n’a guère d’autre choix que de faire la seule chose qu’on lui ait appris à faire : se battre et prendre des risques inutiles pour qu’on le remarque. Il parcourt les baronnies et les terres aurloks occupées dans le seul but de pouvoir participer à une grande bataille où il pourra se couvrir de gloire et entretenir sa propre légende, en espérant que celle-­ci arrive jusqu’aux oreilles d’un suzerain désirant soit lui donner des terres, soit le prendre à son service. Bien souvent, peu lui importe l’employeur tant qu’il peut lui attribuer des terres. Mais régulièrement, la faim l’empêche de toute façon d’être regardant. Tant sur l’employeur que sur la solde…