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Otankaya Cusoke, la grande forêt de tosacans

Juil 17 alkemy_the_game  

Le bayou de Wakpa Cepe s’arrête soudain pour laisser la place aux riches terres sylvestres de la grande forêt de tosacans haske, ces majestueux arbres dont la cime s’élève à plus de 100 mètres.
Sans que rien ne le laisse présager, les eaux disparaissent tout à coup et aux verts humides et fluctuants succèdent des verts lumineux et persistants. Nos pieds peuvent enfin fouler un sol stable, rendu moelleux par les épaisses couches superposées de mousse et de feuilles duveteuses des tosacans.

Nous sommes dans Otankaya Cusoke, la très grande forêt. Une légende raconte que pour la parcourir entièrement d’est en ouest, une sélène n’y suffirait pas. C’est très certainement exagéré, mais bien peu, même des chasseurs Waya expérimentés, ont tenté de le vérifier.

Comme on peut s’y attendre sous le climat propice de Mako Sungwapa, cette forêt regorge de vie végétale comme animale. Il est même délicat pour certaines espèces de dire s’il s’agit de plantes ou d’animaux, telles les Itka Kiye.
Dès que la chaleur se fait ressentir et qu’une légère brume voile la forêt, ces drôles de fleurs blanc-rosâtre volettent en bouquets et s’attachent aux animaux qu’elles frôlent pour en aspirer l’humidité par leurs radicelles. En quelques secondes, un sukawicasa imprudent peut en être recouvert, il ne faudra que deux minutes aux itka kiye pour le dessécher totalement.
On raconte qu’un guerrier-tonnerre avait été touché par une de ses fleurs dont les radicelles s’étaient incrustées jusqu’au cœur. Il mit plusieurs sélènes à succomber, hurlant de douleur.

Mais au-delà de la variété des espèces, c’est la grande diversité de paysages qui surprend. Cette forêt aux arbres immenses tellement disproportionnés qu’on ne peut les appréhender d’un seul regard, quand bien même leur cime ne serait pas camouflée par un entrelacs de lianes et autres parasites végétaux, cette forêt offre des visions très variées…

d’inextricables chaos de branches moussues,

de basses futaies surgies on ne sait comment d’un amas rocheux,

de limpides réservoirs d’eau douce,

ou encore les étonnantes galeries-tunnels vertes.

Mais le regard s’arrête lorsque au cœur de la forêt, lorsque l’on tombe sur un sentier haut perché dans les futaies.
Accéder à un tel sentier est impensable sans l’accord de ceux qui le parcourent, les Loups d’Uwasa, la cité forestière.

Une longue et épaisse palissade appuyée sur les troncs des grands arbres enserre Uwasa la Solitaire. Les seuls accès à la cité, en dehors d’une porte titanesque apparemment condamnée, sont ces sentiers arboricoles, étroitement gardés.
La cité n’abrite que peu de bâtiments au sol, quelques grandes huttes communes où se tiennent les pow-wow, une bâtisse pour l’accueil des rares tribus nomades et des enclos pour les tahcas aux bois velus.
Le rôle essentiel de la palissade est de protéger la mine de pierres alchimiques, les précieux silex des chamans aurloks.

C’est en levant la tête que l’on mesure vraiment la population de la cité. Les habitations, telles des nids, sont installées dans le feuillage et connectées entre elles par un réseau de ponts, d’échelles et de cordages.

Chacun de ces nids abrite une famille constituée de deux adultes, très majoritairement des Loups, et quelques anciens. Les petits n’ont pas de demeure fixe et décident en fonction de leurs envies du nid où ils mangeront ou dormiront. C’est la communauté au sens large qui s’occupe de leur éducation, à tel point qu’il n’est pas rare que les adultes ne sachent pas réellement lesquels sont leurs propres enfants.