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Histoire des Aurloks

Avr 24 alkemy_the_game  

En dehors des notes consignées par la Triade, le passé des Aurloks n’est connu aujourd’hui que grâce à leur culture orale, perpétuée par les conteurs : légendes et histoire s’y mêlent intrinsèquement.
Ces récits commencent toujours par le voyage d’Aurlokan qui, arrivé sur les rives de Nicawa Wosice, façonna ses enfants avec la terre fangeuse du marais. On ignore combien de temps il resta avec eux, à leur raconter la richesse et la beauté de Mornea, mais aussi leur fragilité et la nécessité de les préserver. Il leur enseigna que chaque être, chaque chose, aussi insignifiante puisse-t-­elle paraître, avait son importance et disposait d’une voix : un murmure très léger qu’on devait écouter avec patience et respect. Il leur apprit aussi que toute vie devait s’éteindre pour pouvoir renaître, ultime leçon qu’il ponctua par son départ : son temps s’achevait et il se retirait pour que puisse commencer celui des Aurloks.

Le temps de ceux qui chantent

Conformément aux souhaits de l’Architecte qui les avait créés, les Aurloks se dispersèrent pour découvrir les merveilles de cette terre verte et fertile qu’ils appelèrent Oblaye Itse, « le pays bleu-­jaune ». De ces déplacements émergèrent les tribus et l’apprentissage de migrer au rythme des saisons, en accompagnant le gibier. En écoutant les murmures, les Aurloks apprirent à connaître la pierre, la flore et la faune de ce pays qui leur paraissait merveilleux. Ils découvrirent ainsi l’auroch, un paisible bovidé susceptible de leur fournir l’essentiel de ce dont ils avaient besoin : de la nourriture pour se nourrir, des peaux pour se vêtir. Soucieux de préserver l’équilibre naturel de Mornea, les Aurloks prirent pour habitude de ne chasser, pêcher et cueillir que ce qui leur était strictement nécessaire : une habitude qui est toujours suivie de nos jours. Lorsque des tribus se croisaient, chacune racontait à l’autre ce qu’elle avait vu et entendu, sous forme de chants passionnés et mystiques, sobre hommage à la beauté de ces terres.

L’expansion géographique du Peuple de l’automne connut toutefois une limite naturelle, car les Aurloks limitaient délibérément leurs migrations aux régions où se rendait l’auroch, Oblaye Itse. Ce fut aux limites de cette dernière qu’ils rencontrèrent les autres peuples.
Le culte de la beauté les rapprochait tout naturellement des Igmu Gagai, les Khalimans, peuple dont le paternalisme naturel leur rappelait confusément le confort dont ils bénéficiaient lorsque Aurlokan était encore à leurs côtés.
Les Naashtis, Wato Gogeyi, constituaient une énigme : s’ils utilisaient des mots que comprenaient les Aurloks, le sens de leurs phrases leur échappait. Ils semblaient aveugles à la beauté du monde.
Puis vinrent les si souriants enfants d’Oröhm, dont on a depuis longtemps oublié le nom originel et qu’on n’appela bien vite que les Henayu Hamaza, Ceux-­qui-­portent-­l’acier.

Le temps de ceux qui meurent : La Guerre Alchimique

Au fil des siècles, les Aurloks eurent de plus en plus affaire aux humains, qui semblaient partager leur curiosité, même s’ils préféraient consigner leurs découvertes sur du papier plutôt que de les raconter. Les humains s’intéressaient particulièrement à des pierres étranges que les Aurloks avaient déjà remarquées, car elles ne semblaient pas avoir de voix. Pleins de bonne volonté, ils laissèrent les humains parcourir Oblaye Itse pour baliser les sites où se trouvaient de telles pierres.

Ils ne réalisèrent leur erreur que bien des cycles plus tard, quand les humains envahirent leurs terres. Ils n’étaient plus les aimables explorateurs de jadis, la bouche pleine de sourires et de mots rassurants, mais de terribles guerriers au visage fermé et au bras meurtrier. Les Aurloks découvrirent les notions de guerre et de meurtre, mais aussi la terrible puissance de ces pierres sans voix qu’ils croyaient inertes. Ils vécurent alors la pire période de leur histoire, contraints de reculer devant les assauts d’un ennemi dont ils ne comprenaient pas la hargne. Victimes de leur respect pour la vie – même celle des humains – et de la terrible puissance de l’alchimie, les Aurloks n’eurent pas d’autre choix que de reculer tout en essayant de raisonner Ceux-­qui-­portent-­l’acier. L’intervention des Igmu Gagai et des Wato Gogeyi à leurs côtés ne suffit pas à arrêter la machine de guerre impériale et, après avoir évité le combat pendant 44 cycles, les enfants d’Aurlokan comprirent que leur peuple allait disparaître car les humains ne cesseraient qu’après la mort du dernier Aurlok.

Le temps de ceux qui se battent : Gigage Gadusi

Les armées humaines avaient peu à peu fait converger tous les survivants aurloks vers un même endroit, les plaines de Gigage Gadusi. La Triade s’apprêtait à terrasser son ennemi ; les Aurloks se préparaient à livrer un dernier baroud d’honneur. Mais dans la nuit qui précéda la bataille, les Aurloks furent réveillés et rassemblés par quatre jeunes chamans. Ils venaient d’être visités en rêve par Aurlokan lui-même, monté sur un auroch, un loup à ses côtés, un corbeau sur son épaule et un crapaud dans le creux de la main. Ces quatre animaux rejoignirent les chamans tandis qu’Aurlokan, sans un mot, s’en retournait dans la brume. Les chamans s’étaient subitement réveillés : alors qu’ils ne pouvaient jadis qu’entendre le murmure des choses, ils étaient désormais capables d’entendre clairement leurs voix. Et quatre de ces voix étaient plus fortes, plus nettes et plus déterminées que toutes les autres, leur enjoignant de combattre pied à pied Ceux-qui-­portent-­l’acier : c’était les voix de ces animaux, les quatre manitous !

Guidés par leurs totems, les quatre chamans s’emparèrent des pierres-­tonnerre dont disposaient les Aurloks et commencèrent un long rituel, tandis que les Aurloks dansaient en transe autour du feu : la première Danse des esprits, qui dura jusqu’au petit matin où on retrouva les quatre chamans morts d’épuisement. Lorsque Ceux-­qui-­portent-­l’acier convergèrent vers le camp aurlok, ils affrontèrent non pas un peuple fuyant mais une meute de guerriers furieux à la rage dévastatrice, dont l’aspect même avait pris les traits animaux de l’un des manitous venus à leur secours : l’apparence qu’on leur connaît aujourd’hui.

Gigage Gadusi fut la première défaite de la Triade face aux Aurloks : la guerre alchimique venait de brutalement changer de cap. Dans les batailles qui suivirent, un guerrier Aurlok nommé Ohitika’Ota Feu-­du-­Ciel se distingua particulièrement. On disait même que la simple énonciation de son nom tuait ceux qui n’avaient pas le cœur pur. Son implication fit basculer le courant de la guerre et très vite tous les Aurloks se rallièrent naturellement à lui, infligeant à la Triade de cinglantes défaites, si bien qu’elle renonça à la conquête de Mornea. Neuf cycles après la Danse des esprits, dans les même plaines où elle avait eu lieu, Khalimans, Aurloks et Humains de la Triade signèrent le traité de Gigage Gadusi, qui mettait un terme à la guerre alchimique et fixait clairement les frontières séparant le territoire de chacun des trois peuples.

Le temps de ceux qui écoutent

Les Aurloks revinrent avec plaisir à leur mode de vie pacifique et se concentrèrent sur la voix des choses qu’ils entendaient désormais clairement. Avec l’aide des manitous qui les avaient placés sous leur protection, ils apprirent à utiliser les pierres-­tonnerre. Leur société évolua : par la manifestation directe des manitous sur le corps et sur l’âme de chaque individu, les clans étaient apparus et une nouvelle organisation sociale s’instaurait parallèlement aux tribus. Pour les Aurloks, il s’agissait bel et bien d’un nouveau départ.

Le temps a passé et les Aurloks savent désormais écouter la voix de toute chose d’Oblaye Itse. Après plusieurs décennies d’essor continu, l’alchimie des chamans s’est stabilisée et les manitous sont plus que jamais des acteurs quotidiens de la vie du peuple aurlok.
Le royaume d’Avalon, non signataire du traité de Gigage Gadusi, tente perpétuellement des incursions armées sur Oblaye Itse : une fois de plus, Ceux-­qui-­portent-­l’acier révèlent au grand jour leur vrai visage ! Mais cette fois, les Aurloks sont prêts et n’entendent pas reculer devant la menace, même si leurs aspirations pacifiques les poussent à chercher une autre issue qu’une guerre sanglante.