Combattre dans les marécages n’était pas un problème pour ces soldats-paysans habitués à travailler dans les rizières inondées du Dongdai. C’était plutôt l’odeur de moisissure qui les incommodait. Ça, et le sang urticant de ce crapaud !
Une nouvelle fois, il reçut un coup de lance. Une nouvelle fois, il frappa comme si aucune blessure ne l’affectait. Une nouvelle fois, les crapaudes applaudirent la chute d’un lancier de Jade.

La tribu, les Cueilleurs-de-fongueux, est l’une des rares tribus de Crapauds nomade. Suivant les rivières, ils parcourent les marécages d’Oblaye Itse pour cueillir les nombreux champignons qu’ils savent pouvoir échanger. Les chamans aurloks de tous les clans recourent fréquemment à des concoctions à base de champignons pour entrer en transe et accéder à la concentration extrême leur permettant de parler avec les âmes des ancêtres.

L’un des plus fiers sachem du clan crapaud porte le nom de Tanka Wanka. Au cœur d’Oyanke Aliha, dans la partie la moins hospitalière du marais, il a conduit sa tribu à la découverte du rare fongueux rêve-debout. Célèbre pour sa rareté autant que pour l’efficacité de ses effets hallucinatoires, ce champignon se négocie très bien sur les bords du canal de la Concorde.
Dès que la récolte a eu lieu, au premier mois de l’automne, Tanka Wanka se rend à Brise, accompagné d’une solide escorte, pour la négocier au meilleur prix. Concession aux habitudes citadines ou effet de sa fierté, Tanka Wanka profite de ce voyage pour embellir sa tenue. Son retour est toujours l’occasion de railleries des anciens, mais provoque un tel effet sur les femelles que les rumeurs lui attribuent une descendance supérieure au nombre de petits de sa tribu.

Malgré cette réputation de légèreté, c’est sous l’aspect d’un farouche guerrier que se présente le sachem des Cueilleurs-de-fongueux. Le nomadisme de sa tribu a en effet révélé à Tanka Wanka qu’Oblaye Itse était parcouru en tous sens par les Humains, ouvertement, mais surtout secrètement. Exaspéré au plus haut point que les terres aurloks soient perpétuellement violées, il a entrepris d’entraîner les guerriers de sa tribu à lutter efficacement en utilisant toutes les ressources des marécages. L’efficacité de ses méthodes, alliée à sa résistance à la douleur, font de lui un combattant redouté.
Le nom de Tanka Wanka commence à se répandre comme celui d’un chef de guerre pouvant réunir tous les crapauds sous ses ordres.