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Les Enfants des Architectes

Août 23 alkemy_the_game  

Abandonnés, Khalim, Naash, Aurlokan et Orhöm se retrouvèrent ensemble. Ils déambulèrent longtemps, silencieux, à contempler Mornea. La colère de leur créatrice résonnait dans leur esprit et bientôt ils eurent peine à concevoir qu’ils ne seraient plus là pour profiter de leur travail. Cela les plongea dans un profond désarroi.

Alors qu’ils étaient là, marchant parmi les paysages qu’ils avaient créés, perdus dans leurs pensées, Orhöm intervint. La colère et l’incompréhension le gagnaient. Il avait tout donné pour Elle et il ne pouvait se résigner à laisser Mornea mourir. Il ne pouvait penser que sa vie n’ait servi à rien. Cela le frustrait. Les trois autres partageaient ce sentiment.
Aurlokan, toujours pensif se tourna vers les autres. Les yeux tournés vers le ciel, il s’adressa à eux dans un murmure. Pourquoi ne pas créer à leur tour une descendance ? Des témoins qui pourraient profiter de leur œuvre. Ils avaient encore suffisamment de pouvoir pour un dernier acte de création. Pourquoi alors ne pas créer des êtres à leur image ?
Tous trouvèrent cette idée fantastique… Et à l’évocation de celle-­ci, l’esprit de chacun s’évada…

Alors que chacun s’apprêtait à partir de son côté, Naash, le plus sage des quatre, s’adressa à ses frères. Même si l’idée de la descendance trouvait un écho en son coeur, il ne pouvait toutefois oublier l’anathème lancé par leur créatrice. Il rappela
à chacun les termes de celui-­ci. Aucun d’entre eux n’avait accompli le sacrifice qu’Elle  attendait pour que l’âme de son monde prenne enfin vie.
S’ils voulaient lever cette malédiction, il leur faudrait sacrifier leur essence divine pour l’acte de création qu’ils avaient en tête. Khalim approuva la sagesse de son frère, Aurlokan et Orhöm restèrent silencieux.

Finalement, chacun partit de son côté, décidé d’une manière ou d’une autre à donner un sens à leur oeuvre.

Khalim pris la direction du nord et alla s’asseoir près d’un grand lac, au pied de collines escarpées au septentrion de Mornea. Il passa une longue nuit à réfléchir, laissant son esprit s’évader dans le reflet de son visage dans l’eau.
Au petit matin, l’esprit éclairé, Khalim avait créé quatre vasques finement taillées remplies de l’eau du lac. Il passa une semaine entière assis, entouré des quatre vasques. Pendant des heures il resta là, assis, à parler tranquillement, calmement. Il se racontait ainsi le monde et les vasques semblaient parcourues de petits frissons alors que le flot de ses paroles continuait. Plus les jours avançaient et plus les ondes frémissantes à la surface des vasques devenaient fortes. Les derniers jours, alors que le son de la voix de Khalim était toujours aussi posé, l’eau des vasques semblait bouillir, prête à jaillir dans un geyser immense. Puis, au crépuscule du septième jour… Khalim tomba à terre, alors que quatre formes félines détrempées s’approchaient de lui…
Les Khalimans étaient nés.

Naash disparut à l’ouest de Mornea. Il s’engagea au coeur des montagnes, dans un dédale de roches. Il finit par se poser au plus profond des entrailles des montagnes, loin à l’ouest, au milieu des océans, là où le feu devenait liquide. Il domestiqua le feu des montagnes dans un gigantesque puits afin de pouvoir utiliser son pouvoir créateur. Il passa ensuite de nombreuses semaines à rassembler ses souvenirs et collecter tout son savoir puis il insuffla tout ce que contenait son esprit à la pierre elle-même. Puis, las, il alla près du puits de lave et donna son essence en offrande à l’élément igné. Un murmure se fit entendre alors, un long sifflement et de la fumée s’échappa du puits. Deux formes serpentines noirâtres firent alors leur apparition…
Les Naashtis étaient nés.

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Aurlokan prit la direction de l’est. Là bas, il le savait, il retrouverait de grandes plaines parsemées de forêts et de quelques montagnes. Un décor tout à fait propice à son dessein. Arrivé à la nuit tombée sur place il se dirigea vers l’un des plus beaux marais de sa création. Là il prit dans ses mains de beaux morceaux de tourbe puis façonna selon son envie de petites formes. Nombreuses, noueuses comme lui. Et il s’extasiait un peu plus à chaque heure de la nuit qui s’écoulait devant la beauté de son ultime création. Au petit matin, il en avait réalisé huit. Quatre seraient des mâles et quatre des femelles. Puis, il les amena dans les plaines afin que ses oeuvres puissent sécher au soleil. Il fallut une journée entière puis toute l’attention d’un père pour que les formes finalement s’ébrouent et prennent vien.
Les Aurloks étaient nés.

Orhöm voyagea longtemps avant de choisir de se poser au pied des montagnes du sud de Mornea. Isolé de ses frères. Il ruminait sans cesse Ses paroles et cela l’agaçait tout particulièrement qu’Elle puisse décider ainsi de les maudire malgré que tout ce qu’ils avaient fait lui était dédié. Il parvint toutefois à gagner la paix lorsqu’il se posa dans les montagnes. Le vent violent sifflant tout autour de lui aurait pu emporter n’importe quoi. Mais il choisit de le dompter, de faire plier cet élément à sa volonté, ainsi qu’il le ferait avec tous ceux qui oseraient maintenant le défier. Du vent qui l’entourait, il façonna une multitude de petits êtres à son image, ses sujets. Il leur ordonna de se multiplier et de partir là où le vent les porterait. Ceux qui le désiraient pourraient rester auprès de lui pour le servir.
Les Hommes étaient nés.

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