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Histoire d’Avalon

Juin 12 alkemy_the_game  

La naissance d’Avalon

Avalon est une nation qui s’oppose depuis toujours à ses grandes sœurs. Non seulement dans les conflits qui ne cessent d’apparaître çà et là, mais aussi et surtout dans l’esprit de ses habitants à qui on a toujours inculqué cette défiance à l’encontre du reste de Mornea. Elle est devenue une sorte de seconde nature et tout est bon pour la véhiculer : des conditions de vie difficiles aux avancées de civilisation ou grands projets communs dont elle est régulièrement tenue à l’écart. Depuis toujours, l’histoire d’Avalon s’est faite dans la guerre et l’opposition avec les autres peuples. Et ce n’est donc pas une surprise si celle-­ci commence par une défaite militaire…

Ainsi, la bataille de la Plaine Rouge, en mettant un terme à l’avancée de la Triade de jade durant la guerre alchimique, est à l’origine de la création d’Avalon. En effet, avec l’alliance naissante des Khalimans et des Aurloks et la réorganisation de ces derniers, il ne se passa désormais plus un jour sans que la Triade ne concède nombre de territoires et d’hommes. Les généraux se succédèrent alors, mais aucun ne fut à même d’inverser la tendance : la retraite du jour semblait aussi inéluctable que la défaite finale.

Seule une école du Souffle de Dao proposa une solution, mais celle-­ci semblait aussi risquée que contre nature : étendre les expériences sur les chimères aux hommes et créer ainsi une armée de guerriers d’élite renforcés alchimiquement. L’idée, bien que séduisante pour les plus extrémistes, provoqua un réel scandale et, avant même que la moindre expérimentation ne soit tentée, les Célestes déclarèrent le mouvement hors la loi et contraire au Dao. Les initiateurs du projet furent conviés de façon très insistante à s’en tenir là. Mais, mené par un énigmatique alchimiste natif de la province du Xidai, Tao Chan Mon, ce groupe était persuadé que les avancées sur les chimères et les esclaves étaient désormais suffisamment fiables pour ouvrir de nouvelles possibilités et passer à l’étape suivante.

Aussi, durant l’hiver 804, le mouvement entra dans la clandestinité et prit le nom du premier de ses cobayes : Avalon. Toujours plus populaire, il s’installa sur les terres de son meneur, au pied des montagnes de l’ouest de la province de Xidai et, rapidement, ce qui n’était autrefois qu’un petit groupe d’alchimistes se mit à grossir de façon spectaculaire et à compter de nombreux guerriers et autres serviteurs en son sein. Pendant trois saisons, ils continuèrent à poursuivre leur projet en secret, profitant de leurs nouvelles recrues pour prélever dans les villages environnants la matière première nécessaire à leurs sinistres expériences. Mais Chan Mon ne savait que trop bien que les choses ne pourraient durer ainsi et que, tôt ou tard, les autorités apprendraient l’existence de ce que même lui avait fini par appeler le Temple : leur laboratoire secret. À l’image de l’organisation de la Triade elle-­même, il créa alors un ordre de guerriers au sein de ses fidèles : les soldats d’Avalon. Il prit ensuite les plus talentueux et les plus expérimentés parmi ceux-ci et en fit sa garde prétorienne et celle des alchimistes. Ainsi l’Ordre templier venait de naître.

Lors de l’automne suivant, en 805, les disparitions étaient devenues bien trop nombreuses et les Célestes découvrirent
sans peine l’existence d’Avalon. Leur réaction fut impérieuse, rapide et brutale : elles déployèrent une armée pour exterminer les rebelles. Mais, Avalon, fort de ses templiers et d’être retranché dans ses propres montagnes, résista hardiment et ce qui ne devait être qu’une expédition punitive se transforma rapidement en guerre de position, prélevant un lourd tribut dans les deux camps. À tel point que, bien malgré elle, la cabale d’alchimistes était devenue le symbole de la subversion et de l’instabilité que les Célestes se devaient à tout prix d’éradiquer pour éviter que d’autres suivent son exemple. L’unité, désormais fragile, de la Triade de jade était à ce prix. Tao Chan Mon le savait : peu importaient le temps ou le nombre de soldats morts pour y arriver, les Célestes ne céderaient jamais et finiraient tôt ou tard par les chasser de leurs montagnes.

Chan Mon prit alors la décision de fuir avec tous ses hommes par l’intérieur du massif montagneux et de laisser les templiers volontaires sur place pour couvrir leur fuite. À sa grande surprise, du plus jeune au dernier de leurs blessés, aucun n’accepta de partir et tous restèrent sur place pour accomplir leur devoir. La fuite fut interminable. Au milieu du cloaque et des tunnels lugubres qui parcouraient le sous-­sol des montagnes, les alchimistes progressaient avec peine. Seule une chose était sûre : ils n’étaient pas suivis. L’ordre du Temple faisait le nécessaire.
Après des jours ou des semaines, ils arrivèrent dans une région marécageuse recouverte d’une mangrove qui semblait presque les regarder avec envie. L’air vicié, les racines aussi grandes que des hommes, tout indiquait que la région était peu sûre. Et pourtant, exténués, ils s’y arrêtèrent pour la nuit et portèrent les premiers soins aux blessés et aux malades. Au petit matin, ces derniers avaient disparus et il fallut toute l’étendue des capacités de meneur d’homme de Tao Chan Mon pour éviter à la petite troupe de se disloquer suite au contrecoup. Pour les empêcher de trop penser, il sonna le départ et, sans trop savoir où il allait, les fit longer les montagnes vers le nord.

La suite est beaucoup plus confuse et il semble y avoir autant de versions que de témoins. Mais une chose est sûre : au sein de leur périple, ils rencontrèrent un arbre gigantesque, le Beathacrann. Il semblait à la fois animé d’une vie propre, comme si un cœur battait en lui, et sur le point de mourir. Tao Chan Mon s’en approcha et, à son contact, le tronc s’ouvrit comme une gueule béante, sombre, humide, et parcourue de veines de sève noire avant de se refermer sur l’alchimiste. Alors que les survivants d’Avalon cédaient à la panique, un rire grinçant se fit entendre, et l’arbre s’ouvrit à nouveau. Leur ancien chef en sortit, mais il avait profondément changé. Plus grand, plus fort, son corps était recouvert de ronces, branches et autres racines.

Il les contempla tous, puis s’adressa à eux en ces termes, les mêmes qui sont gravés pour toujours en la basilique de Ker-kastel

Tao Chan Mon est mort. Je suis désormais Caedmon. Aujourd’hui, mes frères, Avalon ne fuit plus. Grâce à la protection bienveillante du Beathacrann nous allons nous construire. En tant qu’hommes et en tant que nation. Et nous allons apprendre à la Triade de jade que toujours se dresseront face à elle des braves. Et qu’ils lui rendront coup pour coup ! Nous sommes le royaume d’Avalon !

Il fit alors venir les sept hommes et femmes en qui il avait le plus confiance et leur remit une graine et leur confia qu’elle venait de l’Arbre de vie et était l’ingrédient manquant à toutes leurs recherches passées et à venir.
Une fois trois uniques templiers survivants revenus et l’ordre recréé, il chargea ensuite six de ces élus de prendre la tête de compagnies et de fonder les futures baronnies, puis demanda au septième de lui construire son château et sa capitale, Ker-kastel.

C’était il y a 566 cycles.

La première félonie

Depuis, l’ordre mis en place par Caedmon a toujours tenu et la stabilité du royaume n’a jamais été réellement mise à mal. La seule exception date de 1097 où un baron au nom oublié depuis longtemps s’est dressé contre Marteus II, son roi, dont il prenait la sagesse pour de la faiblesse. Ses pairs s’unirent alors contre lui, espérant se partager les miettes de son fief, mais Marteus refusa de morceler son territoire, trop conscient que cela reviendrait à abandonner le statut presque religieux des baronnies, et donc à permettre aux ambitieux de justifier leurs futurs rêves de conquêtes et trahisons.
Pour toute punition, les armoiries du félon furent interdites, devant laisser place à une livrée noire unie, son nom et celui de son fief rayés de l’histoire. Ses terres sont depuis connues comme « la Baronnie Déchue ».