J’aime le son du tambour ! Dans la mêlée, au moment où tu perds tes sens dans une tornade de couleurs et où tu n’entends plus que le battement de ton propre cœur, le chant régulier du tambour du chasse-pluie vient te guider. Il fait bondir le sang dans tes veines ardentes, te donne la fougue de celui qui veut vaincre et t’apporte la hargne alors que tu te pensais découragé. Cette musique m’évoque la voix de mon père : elle m’encourage en toute circonstance et me porte au-delà de mes propres limites, ce qui m’entraîne vers la victoire. Elle fait cet effet à tous les braves de la tribu !

Je surveillais les gestes de mon rude adversaire, frappant de taille et d’estoc, attentif au moindre de ses mouvements. C’est alors que le fil de ma pensée fut déchiré par le hurlement d’un cor. Foi de Gotrik, impossible de se concentrer avec tout le raffut que faisait ce chasse-pluie ! Distrait au moment critique, mon attaque ressemblait aux gesticulations d’un pantin. Mais le pire, ce fut vraiment quand il a fallut que je pare : le cor déchira mes sens alors même que mon épée s’apprêtait à intercepter le coup adverse. Ce jour là, j’ai appris deux choses : qu’on vit très bien sans bras droit, mais surtout que les chasse-pluie sont des plaies !

Les chasse-­pluie sont avant tout des musiciens chargés de jouer pour repousser les nuages et garantir un climat clément lors des migrations des tribus. Ces Aurloks ont su se rendre peu à peu indispensables à leur peuple et ils ont su trouver une utilité à leurs talents dans des terrains d’application insoupçonnés. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés à jouer lors des cérémonies rituelles pour attirer la bienveillance des manitous. Ce sont toujours des membres du clan de l’Auroch, la distribution sociale des tâches laissant à ces Aurloks puissants et endurants la tâche délicate
de jouer en rythme pendant des heures, ce qu’ils font avec enthousiasme.
Le domaine de la guerre ne fait pas exception à cette expansion naturelle du rôle des chasse-­pluie : sur le champ de bataille, ils jouent inlassablement de leurs instruments pour attirer la bienveillance des manitous sur les guerriers, les ayawigsi. Plus prosaïquement, le rythme sourd qu’ils produisent plonge les braves dans une espèce de transe guerrière, engourdissant la peur et faisant vibrer le coeur, tout en déconcentrant les rangs ennemis par leur tintamarre assourdissant. Les non-­Aurloks sont en effet perturbés au point d’en être gênés dans leurs passes d’armes. De fait, l’élimination des chasse-­pluie devient souvent une priorité lors des batailles, ce qui laisse un temps de répit aux braves
qui bénéficient alors d’un avantage stratégique sur leurs adversaires. Les chasse-­pluie sont conscients d’être des cibles prioritaires et acceptent ce rôle de bonne grâce, même s’ils défendent chèrement leur peau en ces occasions !